Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

samedi 22 novembre 2014

Original

J'aurais aimé être quelqu'un d'original. Au lieu de ça, je suis banale. Parfois j'ai des passions subites, je me lance à fond dans un truc, la cuisine, la couture, la mosaïque, la poterie, j'achète les bouquins, le matos, je regarde les tutoriels et tout et puis, en une fraction de seconde, je me rends compte que je m'en fous, en fait. De plus en plus… Je m'en fous en fait. Alors je ne me lance plus dans rien.

Dans ma voiture, le soir, en rentrant du boulot, comme un zombie qu'a même plus le sentiment du devoir accompli, je m'imagine avec un rôle à jouer : la mère de famille, la femme d'affaires, la fille convaincue de quelque chose, quoi. Mais non, rien. Chuis pas convaincue et je ne l'ai jamais été. Vaincue, depuis toujours, mais pas con.
 
J'voudrais me lever le matin avec le déroulé de ma journée en tête et pas une tête à ajourner le moindre élan vital qui s'empare de moi. Je me lève et plus rien ne me bouscule, comme d'habitude. Je me demande pourquoi je me suis levée et si j'aurais pas mieux fait de rester couchée. Mes chaussons usés, égarés sous mon lit, ne m'attendent même plus dès le tocsin du réveil. Alors j'affronte le froid du carrelage, les yeux à peine dessillés, me demandant vers quel but me guident mes pieds niqués. Et puisqu'il faut quand même nourrir la boîte à idées, mon univers approximatif me saute aux yeux et s'abat sur moi en une pluie de reproches : les toiles d'araignée d'où pendent leurs pensionnaires qui se verraient bien tortionnaires si seulement j'étais plus petite pour me prendre à leurs filets (patience, Charlotte. Vu la vitesse à laquelle l'univers se réduit autour de moi, dans quelque temps, tu auras ma peau) ; Les particules de poussière qui voltigent sous les rais de lumière m'indiquent qu'une épaisse couche de poussière aurait besoin d'un coup de plumeau comme les brumes de mon cerveau. Je fais un travelling circulaire sur mes étagères encombrantes et encombrées de trucs inutiles, entassés au fil du temps quand l'avenir s'imaginait encore en couleurs. Du temps où les objets avaient une âme et pouvaient toujours servir. Mais quand moi-même je n'ai plus d'âme, une folle envie de tout jeter m'envahit, un autodafé de tous ces trucs auxquels je croyais, un grand bûcher des vanités, pour retrouver l'empreinte originelle, l'essentielle, la souciance après l'insouciance, pour m'alléger. J'ai une de ces envies de m'alléger. Quand je vois ces gens qui s'achètent tout ce qui passe, ça me donne la gerbe. Ils ont pensé à leurs enfants, une fois qu'ils seront eux-mêmes emballés dans leur caisson, qui vont devoir se taper le tri dans tout ça ? Et puis ça leur apporte quoi d'avoir tout ce qui passe ? Une satisfaction d'un jour ou deux, après ils sont blasés. On amasse un temps et puis on comprend que c'était une grande mascarade, un truc pour noyer le poisson, et que tout ce fatras de trucs ne t'apporte rien, au fond, que des ennuis. Des piles à changer, des fils à brancher, des places à trouver, des cartons à empiler… les fils qui s'touchent, les mouches qui défilent, c'est tout, en somme, en regardant bien.

Je ferai pas le ménage. À quoi ça sert d'enlever la poussière qui finit toujours par se redéposer. Qu'elle ensevelisse tout, la satanée poudreuse, qu'elle fasse disparaître cet univers de polypropylène, polyéthylène, polyuréthane, tous ces poly odieux qui polluent la planète et l'esprit. Glorifions la poussière vu que tout finit par elle.

Je suis allée courir. Ou mourir, je ne sais plus vu que j'ai eu l'impression de rendre mon dernier souffle après avoir rendu mes tripes. Une impulsion au moment où mon ex qui vient de se faire larguer me rappelait pour tenter le rabibochage. Fuyons ! Me crièrent mes cellules encore d'attaque, tandis que les autres commençaient à sédimenter au fond du pot (ça ne pouvait donc pas leur faire de mal). J'avais besoin d'être secouée et de gratter la pulpe qui commençait à s'accrocher.
 
J'ai couru, comme si j'étais poursuivie par le tigre de la Seine-et-Marne, avec le même essoufflement de chameau. J'ai croisé des gens à qui j'ai dit bonjour (enfin "bonj OUH…" la deuxième syllabe étant avalée par l'essoufflement) avant de m'apercevoir qu'ils avaient des écouteurs à la place des oreilles. L'effet décolle-pulpe de la suroxygénation a créé un tourbillon d'idées décousues, je dépassais des gens sans visage, à qui je disais "Bonj OUH" mais du coup, qui ne pouvaient pas me répondre. Arrivée dans le bois, j'ai vraiment eu peur de croiser le tigre de Tarascon ou plutôt le chat qui se prenait pour un tigre. Et s'ils s'étaient trompés, que c'était bien un tigre et qu'il avait franchi la frontière de la Seine-et-Marne depuis ? Je sortis assez rapidement du bois, je passai devant les jeux pour enfants déserteurs (comme d'hab' ça préfère entretenir sa future tendinite du pouce) et je rentrai chez moi me recoucher, non sans avoir fait ma prière du soir.
 
 

mardi 14 octobre 2014

Badge-me if you can !

L'homme court-il à sa perte ? J'ai la réponse : OUI. Je viens de regarder une petite chronique de Télématin sur la brillante idée de je-ne-sais-plus-quel-autiste-refoulé d'avoir inventé un badge à mettre dans les transports en commun sur ton manteau pour signifier que tu acceptes de converser avec qui veut.
 
Et la semaine dernière, on nous montrait une autre brillante idée de je-ne-sais-plus-quel-déficient-du-lien-social qui avait foutu une lumière sur un parapluie pour indiquer que, s'il pleut, tu acceptes de prendre quelqu'un sous ton parapluie.
 
Eh oh les gars ! Y a plus la lumière à tous les étages ou quoi ? On va aller jusqu'où dans la connerie ?
 
Quel est, je vous le demande, le crétin qui osera mettre ce genre de signal lumineux montrant ouvertement qu'il est un handicapé de la relation humaine ? Parce que, mettre un badge pour indiquer que tu veux bien faire la conversation revient indirectement à désirer ardemment la faire, cette conversation. Du coup, si tu mets ça le matin, à l'heure de pointe, alors que tout le monde a la tête dans le cul, c'est sûr que tu risques d'avoir de la place autour de toi ! Mais si c'est pour ça, c'est un peu mesquin…
 
Et si gros Jacky bien torché entre dans le wagon ? Tu fais quoi ? Tu l'enlèves ? Beau geste de tolérance et d'ouverture, en massacrant encore plus tes belles idées de départ.
 
Non, si on veut pousser le bouchon à faire un truc du genre vraiment utile, alors faisons carrément un badge qui dit que tu veux bien baiser, par exemple, ça, ça sera utile et pourra éviter beaucoup de malentendus. La petite Mélodie qui rentre de son baby-sitting à une heure du mat', elle sera contente de pouvoir indiquer au petit monsieur qui la menace avec un couteau que, un peu plus loin, Josiane, elle, elle est partante.
 
Allons ! La connerie humaine serait remplaçable par un badge ? Ça se saurait ! Mais un peu comme le détenu qui a étouffé son compagnon de cellule parce qu'il ronflait et qui a pris 10 ans de plus, on est sans cesse en train de scier la branche sur laquelle on est assis. On invente des solutions à des problèmes qui n'existaient pas avant d'avoir inventé la solution.
 
Mais si ! Vous voyez pas ce travail de sape qui se dissémine un peu partout ? Tiens, à commencer par les supermarchés : ces écrans qui fleurissent au-dessus des caisses… Là aussi on devra porter le badge « Je ne regarde pas l'écran, vous pouvez me parler si besoin » ? Mais alors pourquoi on met l'écran ? C'est si terrible que ça de s'ennuyer un peu dans une file d'attente ? Et justement, ne serait-ce pas l'occasion d'engager la conversation avec les gens qui nous entourent ? Ou bien sommes-nous tous devenus autistes qu'il faille absolument mettre un écran de télé au-dessus de nos têtes pour éviter de croiser le regard de l'autre et qu'on regarde tous dans la même direction comme des décérébrés ?
 
Un autre exemple, les voitures. Maintenant, les vitres sont de plus en plus teintées, on a la clim' (bel effort pour la planète au passage !), et donc, on circule dans nos petites forteresses roulantes, quasiment sans voir qu'il y a des êtres humains comme nous à l'intérieur.
 
Je ne parle même pas des téléphones portables dont l'effet repli-sur-soi n'est plus à démontrer…
 
Le but c'est quoi ? C'est de croire qu'on est tout seul au monde ? Parce que si c'est ça, alors oui, on a de sérieuses chances d'y arriver.
 
Mais permettez-moi de penser que face à cette société-fabrique d'autistes ou de bernards l’ermite pour faire plus imagé, quelques badges comme seuls remèdes, c'est un peu lège'…

mercredi 3 septembre 2014

Cirque de la misère

« L'un des plus grands spectacles de cirque… ! 1H45 de spectacle à couper le souffle ! »

En tout cas, celui de ma ptite nièce qui explosa en pleurs vu le niveau sonore de la harangue stéréophonique qui dut servir à rameuter plutôt les habitants de Pluton* que ceux du coin, moins enthousiastes, le jour où nous choisîmes d'aller au cirque, pour changer. Alors vite ! Un coup d’œil aux fresques dessinées sur les tentures du chapiteau pour recentrer son attention sur « les lions qui font peur », une imitation du rugissement (assez vraisemblable pour la faire éclater de rire) et c'était bon, enfin presque…
 
Qui aurait cru que retomberait si vite notre engouement initial ?
 
Grammaticalement, il y avait pourtant une anguille : où était le référent ? L'un des plus grands spectacles de cirque, certes, mais… rapporté à quoi ? Au monde ? Du pays ? De la région ? Du quartier ? Pourquoi avait-on subtilement mis un voile sur le référent ?
 
Eh bien tout simplement parce qu'il fallait traduire : « Bienvenus au Cirque de la misère !!! Avec ses clowns pas drôles, ses acrobates frileux et ses dresseurs d'animaux léthargiques ! »
 
Chaque numéro sembla une parodie de lui-même : les clowns ne furent pas drôles, dotés d'un manque d'expressivité et d'enthousiasme remarquable, usant de gimmicks éculés plutôt destinés à faire pleurer que rire, et complètement impassibles devant le peu de réactivité de l'assemblée ; les chevaux se cassèrent la gueule après un tour de piste et le clou du numéro consista à leur faire poser une patte sur un tabouret ; les acrobates exécutèrent des numéros de cour de récré que ma petite nièce aurait faits aussi bien (voire mieux) ; les tours de magie laissèrent perplexes non parce qu'on ne vit pas les ficelles, mais parce qu'on ne vit pas ce qu'il y avait de soi disant extraordinaire à voir. Mais le pire (et bonjour pour expliquer ça à ptit bout d'nièce)… les lions ! Ou plutôt… leur absence ! Point de lions donc, si ce n'est Roger, le vigile, déguisé en lion le temps de venir saluer, à la fin du spectacle… Roger, qui d'ordinaire fait la gueule, planté dans un coin du chapiteau, forcé en plus de porter la croix, érigé ouvertement en symptôme manifeste d'un cirque malade…
 
Le seul talent à leur reconnaître mais qui fût aussi leur drame : leur capacité à endosser plusieurs rôles, puisque le maître de cérémonie était aussi le clown et le dresseur, et l'acrobate, la magicienne, ainsi que l'ouvreuse, la caissière et la vendeuse de barbes-à-papa à l'entracte. Avec son corollaire assez peu réjouissant d'avoir à subir une quête toutes les demi-heures : une pour le développement du cirque (à laquelle on eut du mal à souscrire du coup), une pour la stagiaire acrobate (ah bon ? Où ça ?), et une pour… la forme ? (Au passage, on comprend mieux les 1h45 de spectacle affichées…)
 
En somme, un petit microcosme d'automates, programmés à réaliser des numéros aux gestes stéréotypés exécutés dans une cadence stakhanoviste et un oubli de soi résigné, seulement capables de nous balancer en pleine gueule leur immense lassitude.
 
Alors on applaudit bien sûr, on est polis, mais c'est pour essayer de faire venir un peu de magie là où elle manque cruellement… et espérer quand même que ptit bout d'nièce, qui n'engramme pas encore bien les expériences pour comparer, y trouve quand même un peu d'émerveillement.
 
Ces spectacles-là devraient être gratuits, voire même devrait-on être payés pour y assister vu le mal que l'on s'y fait à piétiner nos doux souvenirs d'antan…
 
*je pense qu'il y en avait d'ailleurs, si l'on considère d'un autre œil le mec avec tous ses colliers lumineux qu'arrêtait pas de nous tourner autour en scrutant nos portefeuilles.




mardi 5 août 2014

Paris Plage

Cette après-midi, l'idée me prend d'aller jeter un oeil à cette fameuse plage aménagée pour l'été dans mon bled de banlieue. Vous savez, les grandes affiches avec du soleil, la pelle et le seau, sur fond bleu méditerranéen. "Ouverture exceptionnelle de la plage à Trouduc-le-Gland* !!! "

Donc, je me pointe au lieudit, le parc communal, mais dont l'entrée, cette fois, est bardée d'une autre affiche encore plus racoleuse que celles qui parsèment le village, avec des feux d'artifices, et Trouduc-le-Gland Plage écrit en graffs colorés à la bombe de peinture par des djeun's. Ah là là, ça va être quelque chose !!!
 
Je rentre, pleine d'impatience, frétillante comme un gardon, le projet de revenir un autre jour avec mes affaires de plage en tête… Déjà à l'entrée, un grand terrain sablonneux avec un filet de beach-volley me met dans l'ambiance. Derrière, un peu plus loin, un groupe de jeunes est attablé, sous les arbres, près d'une petite guérite qui ressemble de loin à une baraque à frites, mais sans les frites (elle semble vide). Je continue donc ma route, et je passe devant les jeux pour enfants qui n'ont pas bougé de l'ordinaire et saupoudrés de quelques enfants, et je commence à trouver étrange de ne pas entendre plus d'agitation qui viendrait de cette fameuse plage. Le doute me submerge. Je continue ma route (le chemin fait une courbe, si bien que l'on ne voit rien se profiler) et me retrouve rapidement au bout du parc, prête à en sortir par l'autre côté. Et là… le "Allô quoi ?" de Nabilla, telle une lame de fond, s'abat sur le rivage de mes certitudes. Je me retourne pour voir si par hasard, j'ai raté quelque chose en passant. J'aurais été victime d'une illusion d'optique qui fait que je serais passée à côté de l'essentiel ? Je refais le chemin en sens inverse, à la recherche d'un indice, un bonnet de bain oublié, un emballage de glace Miko, un coquillage, un crustacé, une seringue (oups pardon… ça je suis sûre d'en trouver, donc c'est pas un bon indice), qui m'aurait prouvé qu'une plage aurait bien existé, à cet endroit même où je me trouve actuellement ? Je cherche partout, devant, derrière, à babord, à tribord, les pieds dans l'eau, mais d'une vieille flaque creusée par l'orage de cette nuit, en vain et avec finalement comme seule alternative celle de me ranger à la conclusion passée à postérité par le célèbre agent Mulder du FBI que "la Vérité est ailleurs"…
 
Au risque d'effleurer la susceptibilité des disciples de Lagardère, mais cette fois, si on ne peut pas aller à Palavas, Palavas ne viendra manifestement pas à nous. CQFD.

samedi 2 août 2014

Téléré-alitée

À l'heure où la télévision ne nous pond plus que des émissions de téléréalité, on a quand même l'impression que l'échelle se rétracte, que le concept s'essouffle… En à peine un an, on est passés de « La plus belle région de France », au « Village préféré des Français », au « Jardin préféré des Français », puis à la « Maison préférée des Français », en passant par la « Meilleure boulangerie de France », « Mon bistrot préféré », et là je vois qu'on attaque bientôt « Le plus beau food truck de France » (baraque à frites quoi). Y a plus de budget ou quoi ? Ou alors ils nous ont tellement conditionnés qu'on ne se rend même plus compte qu'on s'fait entuber…

Les plus forts, c'est M6, vous savez, les émissions sado-maso où, dans une ambiance conviviale faux-cul, on écoute des gens détruire avec un plaisir jouissif en deux-trois phrases ce que d'autres ont mis toute une vie à bâtir, et qui s'mettent à pleurer ensuite quand c'est leur tour d'écouter les commentaires de leurs hôtes. Personnellement, j'ai pas encore compris ce qui peut pousser quelqu'un à vouloir s'infliger ça.
 
« Jean-Patrick est vraiment quelqu'un de gentil, mais sa maison, c'est de la merde. » 
 
« Regardez, (montrant à la caméra devant des millions de téléspectateurs), y a des poils de cul sous la lunette des chiottes ! »
 
Alors… Puisqu'on y est presque, du coup, à quand « La plus belle pissotière de France » ?
 
« Comme tu peux le voir, Stéphane, avec Josiane, on a décidé de mettre de la moumoute sur la lunette, une fois, (c'est forcément d'influence belge à ce stade-là), pour qu't'ayes le cul plus confort (belge et terroir), pis qu't'ayes pas froid, et en plus elle est antiallergénique, comme ça, ton derrière, l'est pas irrité… Et la chasse d'eau, elle est amovible pour que tu puisses poser ton dos, et à air comprimé pour que tes selles, elles partent plus vite. Par contre, faut bien fermer la lunette, du coup, sinon tu risques de r'tapisser tes communs… On a mis des murs antibruits pour pas entendre le « plouf » et tu peux mettre la musique, au cas où qu'tu soyes un peu encombré, ça couvre bien. Sinon y a un casque, aussi, pour te détendre, ou te stimuler un peu, dans le cas où ça sort pas comme y faut. C'est du Patrick Foireux et du Chimène Badi, (pour quand tu « chies même pas, dis »… oui bon.) Ça stimule bien. Mais y a de la musique pour tous les goûts, en fait. Sans oublier le diffuseur de parfum automatique avec détecteur d'odeurs. Il diffuse le parfum adéquat selon le niveau d'odeurs de 1 à 10. Pour une odeur de puissance 10, par exemple, il envoie du Chanel Numéro 5. 
 
– Forrrrmidable !!!!! » (dixit Stéph')
 
Ou sous bannière M6, « Viens pisser chez moi » !
 
« Je mets 2 parce que le papier se dédouble »
« Moi je mets 3 parce que j'ai entendu Catherine péter. »
« Le coup des toilettes suspendues, moi je suis pas convaincue. C'est vrai que ça libère plus facilement, mais ça donne envie de gerber… »
« Cette grande baie vitrée dans les toilettes, j'avoue que ça inhibe un peu… »
« Les toilettes à trois places, c'est vraiment une bonne idée. Ça sort un peu des sentiers battus. »
« Les toilettes de Pierre, elles sont à chier (ahahah). Je suis passé après Catherine et j'peux vous dire qu'il n'y avait pas de diffuseur de parfum. Ou bien c'est Catherine qu'a le cul pourri… »
« On s'en débouche une pour fêter, ça ? Une bouteille bien sûr ! Ahahah ! »
 
Avec un ptit buffet d'aliments laxatifs en prélude.
 
« Je vous ai concocté une tourte aux pruneaux et son jus de cointreau, et en dessert, ma tarte Fuca et sa marmelade d'oranges amères »
 
Ça aurait d'la gueule, non ?
 
Patience, ce n'est qu'une question de temps… ;-)


dimanche 20 juillet 2014

Bricolomania

Ah le magasin de bricolage ! Objet transitionnel de nos fantasmes d'aménagements. Si si ! "transitionnel", un peu comme les doudous des enfants qui remplacent symboliquement les parents, ben symboliquement, le magasin de bricolage remplace tes rêves d'aménagement. Parce que c'est le lieu de tous les possibles (enfin tout y est quoi) et pourtant tu sais que t'en feras pas les trois-quarts (par manque de budget, de temps, de courage surtout), mais rien que d'y être, c'est comme si tout était encore possible.

Sauf que… on part pas tous avec les mêmes avantages. Moi, quand il fallut que je changeasse le joint de hublot de ma machine à laver, comme toute célib' qui se respecte, j'ai foncé sur internet voir un tuto (tutoriel, oui.) Et trop flattée par la facilité qu'offrait la chose, losque le gars qui fit cela en deux minutes chrono me dit qu'il suffisait d'un tournevis, j'aurais dû flairer le piège. Certes, un tournevis, mais LE tournevis et pas n'importe lequel ! Spécialement celui que tu n'as pas dans ta boîte à outils !! Le cruciforme T20 X L80 X Y300 X P800 (T = taille / L = longueur / Y = Y en a marre / P = Pourquoi tous ces chiffres !! Au moins je sais pourquoi il s'appelle Dexter mon tournevis, c'est pour les psychopathes)
 
Alors j'y allai, chez Leroy-Merlin. À reculons, hélas…
 
J'entre dans le sacro-saint temple des frimeurs du dimanche et je commence à suer à grosses gouttes. Le magasin est plus grand que le Parc des expos et rien n'indique le rayon des crucifix ! Euh des cruciformes, mais vu que je songe à mettre fin à mes jours avec le râteau qui est à ma portée, le premier mot est plus approprié. Non allez, courage ! On devrait quand même y arriver !
 
Je repère le rayon des tournevis sur le module informatique placé astucieusement à cet effet. J'essaie de mémoriser le labyrinthe à parcourir pour ne pas avoir à demander mon chemin en cours et trahir mon dilettantisme. En même temps, point trop de scrupules n'en faut, une femme dans un magasin de bricolage, on ne s'attend pas à ce qu'elle t'explique le fonctionnement d'une dégauchisseuse ou d'un compresseur à air. Mais bon, j'fais un peu comme tout le monde, je me donne l'air d'une femme forte et indépendante qui répare sa machine à laver toute seule. (Oui bon oké une galérienne) J'avance d'un pas ferme, genre "j'm'y connais".
 
Au bout d'une heure de recherche active de mon rayon, j'y suis enfin. Je suis devant les tournevis ! Punaise ! Y en a trop ! Moi j'ai juste pris le mien en sachant qu'il m'en faut un plus petit, mais y en a au moins une bonne vingtaine de plus petits ! Tant pis. J'les prends tous. Dommage pour le budget, ça va faire un peu mal. Il doit se demander ce qu'il me prend le mec d'à côté. Soit il est admiratif de penser que j'ai besoin d'autant de tournevis, car ce que je dois faire doit être phénoménal. Ou alors il a compris et là, c'est trop la honte. Il a compris vu qu'il sourit. Je la ramène donc pas trop. Lui, c'est le type "chevronné". Si ! Ça s'voit, avec sa petite liste et son chariot genre t'as vu tout ce que j'vais prendre… et le crayon sur l'oreille, ça, ça trompe pas ! Va essayer de te faire tenir un crayon sur l'oreille, toi ! Il a déjà plein de trucs dont j'ignorais l'existence dans son caddie et il continue à le remplir. Comme il doit maîtriser… J'imagine sa maison qu'il aura toute faite lui-même, en bois bien sûr, avec un insert parce que ça chauffe bien mieux et c'est esthétique et des panneaux solaires sur le toit parce qu'il faut penser à la planète. Je suis sûre que sa femme ressemble à Barbie et qu'elle est tellement fière de lui ! (Jalouse ? Euh… un peu.) Une promenade de santé pour lui. Il n'a qu'un exemplaire de tout ce qu'il prend, lui, bien sûr, et pas cet air désemparé de chien devant sa boîte de pâtée fermée.
 
Je repère un groupe de vendeurs qui me matent en coin. Ils attendent la faille, le moindre signe de détresse pour me tomber dessus. Faut les comprendre, remarque, côtoyant le Jacky toute la journée, quand une Brenda se pointe avec son air de pas avoir inventé l'eau tiède, c'est relâche ! C'est du tout cuit ! (et ptet plus si affinités). Eh oui, la femme dans un magasin de bricolage, c'est une proie facile. Elle est en position de faiblesse. Entourée de trucs virils dont par définition elle ne sait pas se servir, il lui faudra forcément un aiguilleur voire même un démonstrateur. Pensez-y les mecs pour draguer ! Postulez chez Casto ! (Quoique, en fait, des femmes, vous en verrez pas tant que ça, hormis des camionneuses, mais bon…)
 
Je regarde discrètement vers les vendeurs. Mignons comme tout, en plus. "Houlà là, comment on se sert d'un tournevis, monsieur bricolage ? Et on la met dans le petit trou la vis ? Avec le gros tournevis ? C'est à vous tous ces muscles ? Han !" Et que ça s'battrait pour m'expliquer.
 
Ben oui, un magasin de bricolage, si c'est l'angoisse absolue pour une femme (oui, c'est cliché, mais bon, dans les clichés y a toujours un peu de vrai), pour les hommes, c'est une arène à combats de coqs. C'est à qui aura le plus gros tournevis, la plus grosse perceuse, le plus de planches dans son caddie. Qui aura l'outil le plus compliqué et le talent de savoir s'en servir… Je soupçonne même la plupart de se la jouer, au moins pour faire la paon devant leur femme. "Mais si Jocelyne, bien sûr que ça rentre ! J'ai pris les dimensions. Mais bien sûr que je peux te le fabriquer ton jacuzzi. Y a rien de plus facile !" Ouais. Sauf que Gérard, il va acheter tout le matos, et, la semaine prochaine, il reviendra le rendre, ou, dans le meilleur des cas, si sa fierté ne supporte pas le choc, il passera tout son dimanche après-midi prochain au magasin de bricolage, tout seul en catimini (évidemment sans Jocelyne cette fois), pour venir chercher les fiches-conseils de Monsieur Bricolage qu'il avait pas prises la première fois avec Jocelyne soi-disant que c'était dans les gènes de l'homme de maîtriser tout ça. Pensez-y maintenant, les filles, quand vous mourrez d'admiration devant Musclor en salopette, l'air déjà concentré sur les grandes réalisations qu'il s'apprête à faire (ou pas) avec tout le contenu de son caddie bien rempli. Parce que oui, avec Valérie Damidot et Marc-Emmanuel, ça a l'air simple de transformer son taudis en photo de brochure de chez Casto, deux-trois tits coups d'scie, un tit coup d'pinceau. Sauf que eux, ils sont cinquante à l'ouvrage pendant une semaine avec un budget M6 et que toi, Gérard, t'es tout seul avec ton PEL et ton livret A et que donc il te faudra travailler deux ans jours et nuits pour faire pareil ou à peu près, si tu ne te décourages pas avant…
 
En tout cas, vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenus…
 
Et mon joint de hublot ? J'ai même pas pris les fiches-conseils de Monsieur Bricolage ! Non, j'ai carrément appelé Monsieur Bricolage qui est venu me le changer. Mais au moins, la prochaine fois, j'aurai forcément le bon tournevis…

lundi 14 juillet 2014

In Nomine Patris...

Je prie sans savoir pourquoi. Je prie sans but pour la première fois. En général on prie avec une idée derrière la tête. On frotte un peu la lampe d'Aladin, quoi. On prie pour la paix dans le monde, par exemple, pour une cause, au moins, grande ou personnelle. Moi, d'habitude, je demande plein d'trucs, de la place de parking libre à la guérison de la leucémie de la fille de ma collègue, ça n'a pas de commune mesure, mais bon, comme ça, Dieu, il peut se reposer un peu, s'il veut… Mettons, s'il est en RTT, ben il préférera traiter la place de parking libre, ou la retrouvaille des clés de voiture perdues, plutôt que la guérison de la leucémie d'Euphrosine ou du furoncle de tante Germaine (si tant est que je trouve une raison de prier pour ça). C'est plus simple, et, bien qu'il soit tout puissant, niveau pénibilité de la tâche, y a pas photo. Ces derniers temps, je lui demandais de me trouver un mec ou de me rendre moins empotée avec les ceusses (avec une petite voix prout prout c'est marrant). Là, on est à mi-chemin entre la place au Super U et la guérison des malades. C'est pour ses jours fériés, on dira (ceux où tu bosses pas, mais où t'as pas bossé pour les avoir). Ceux, donc, où il sort quand même un peu la tête de son nuage, car en plus, la plupart des jours fériés sont des jours en son honneur, donc il est pas bégueule et ne rechigne pas trop à la tâche ces jours-là.
 
Mais, en ce moment, même en tenant compte de son planning (c'est un jour férié, aujourd'hui !), je ne sais pas quoi lui demander. Enfin, je ne sais plus. Et je ne sais pas pourquoi je ne sais plus. Je ne sais même pas pourquoi je ne sais pas pourquoi je n'sais plus. Alors je prie, sans savoir pourquoi. Pourtant je m'interroge, je me demande ce que je souhaiterais, mais comme je ne souhaite plus rien, alors je ne demande plus rien. (Allô, Nietzsche, tu as un créneau pour moi, là ?)
 
Quoique des raisons de prier, il n'en manque pas tant que ça… Y a qu'à écouter les absurdités du discours présidentiel, pas plus tard que tout à l'heure, qui nous dit qu'il faut avoir plus confiance en nous, en prenant pour modèle cette pauvre institutrice qui s'est fait poignarder par la mère d'un de ses élèves. Effectivement, elle dût avoir une si grande confiance en elle qui lui permît de donner à la confrontation avec le parent d'élève l'issue favorable qu'on connaît. Mais où puise-t-il cette audace (euphémisme), dans de telles circonstances, de nous dire d'avoir plus confiance en nous ? C'est pas en nous qu'on manque de confiance, gros malin, mais en nos institutions qui périclitent toutes, les unes après les autres, et qui sont incapables de nous garantir le minimum de sécurité requis pour aller bosser tranquille ! Et un autre planqué de la même couvée qui renchérit, sur France Inter, en nous disant, la fleur au fusil, sur un ton qui aurait aussi bien pu annoncer la météo ou le Point Route, en tout cas, moins concerné tu meurs, que la société actuelle est de moins en moins sécuritaire. (mais bon, moi j'men fous, je vais bouffer chez Fauchon avec les potes du Sénat, qu'il aurait pu ajouter pour être au moins un peu crédible).
 
Alors là, moi je dis, bravo les gars ! C'est bien vous qui zêtes aux commandes pourtant, non ? (avec une voix de demeurée pour qu'ils soient toujours encore un peu plus sûrs de leur cible, on est d'accord, ils nous prennent pour des cons ?) Mais du coup ? Si c'est vous qui zêtes aux commandes, vous avez pas un peu honte de nous dire ça comme ça ? C'est un peu comme si mon médecin se vantait d'avoir le plus grand nombre de décès du pays suite à ses consultations ?
 
Alors, oui, je crois qu'on a raison de prier, ptet même que c'est notre seule chance de pas couler, finalement ?
 
La France, premier pays consommateur de psychotropes au monde ! Alleluia, Seigneur ! T'as vu comme on s'en sort bien sans toi ? Les asiles sont pleins, les prisons, aussi, merci Flamby ! Laissons-les grossir ces bancs de détraqués que la société nous pond et qui s'regardent les pieds sans savoir à quoi ça sert, en ânonnant qu'ils ont des droits et qu'on fait mal notre boulot, nous, les poires qui suons nuit et jour pour gagner des clopinettes.
 
CONFIANCE qu'y nous fait l'autre. C'est pas ce qu'on leur avait dit à Hansel et Gretel quand ils se sont pointés devant la maison en pain d'épices ? On t'a compris François, parce qu'on a lu les contes des frères Grimm : on va droit dans l'mur !!
 
Heureusement qu'on a le foot, le mariage pour tous et les feux d'artifice du 14 juillet pour huiler tout ça et que ça passe mieux !
 
In nomine patris et filii et spiritus sancti, Amen.

dimanche 29 juin 2014

Guy Lagache

J'ai passé le week-end à essayer de sortir de ma solitude, en mode tête chercheuse.

J'ai 34 ans, je viens d'être promue tata une seconde fois par un petit garçon adorable, la première (une petite fille) datant déjà de deux ans. Ils sont mignons, je les adore, mais ils ont le défaut d'inaugurer une ère du renouveau qui pousse tous ceux du siècle dernier à l'obsolescence. Sans compter que personnellement, j'atteins l'âge fatidique, le cap des 35 où celui à partir duquel tu risques d'avoir des enfants trisomiques. (elle est pas belle la vie ?)
 
Donc, mode tête chercheuse ce week-end et tous ceux qui suivront.
 
Samedi, je suis donc allée au centre commercial avec le prétexte des soldes, mais le vrai but était tout autre : trouver un mec (et le bon si possible). Pour moi, un vrai exercice de lâcher prise, car si je fus sur la défensive jusqu'ici, les 35 balais qui approchent me font refuser de jouer encore le mystère (la timide quoi, mais ça fait faute avouée).
 
Je me répète en leitmotiv que je dois m'ouvrir et laisser les mecs venir à moi comme les mouches autour du pot de confiture (mais une belle mouche si possible).
 
Je passe le portillon d'entrée de chez Cultura. Ouah, ça marche ! si j'en crois le regard aguicheur que me jette le mec de la sécu. Il me scanne des pieds à la tête, comme si j'avais une étiquette Produit frais à consommer sur place. Oui, c'est un black et oui, d'accord, ils sont tous comme ça pourvu que tu sentes un peu les oestrogènes. Je n'insiste pas trop, même si, vu ma date de péremption, ce serait pas du luxe que… Non, ce que je cherche, c'est autre chose ! Et sur ça, je ne transigerai pas maintenant ! L'heure est grave ! C'est un reproducteur qu'il me faut, et pas de grande distribution de surcroît, une petite coopérative me suffirait.
 
J'arpente les rayons de luxure, euh… de culture, je me fonds entre les étals de livres en essayant d'y trouver quand même un intérêt. Tiens, cherchons les d'Ormesson pour voir si j'avais rhabillé papi un peu trop vite (voir le post précédent). Mince, je trouve pas d'Ormesson… C'est un signe ? Ah non, il faut chercher à « O » bien sûr… Ah, par contre, je trouve Djian et Despentes… Voyons… Baise-moi ou Mise en bouche… J'hésite… Je songe à piper les « D », euh… à quitter les « D », parce que je ne veux pas réveiller la perverse qui est en moi (surtout que Vas-y Francky est à deux pas, ben oui, le mec de la sécu), donc j'amorce un volte-face en partance vers d'autres achalandages.… et là ! Mon cerveau fait la culbute sur l'aire de Broca et j'en perds tout mon latin ! Il est là, juste devant moi, à quelques mètres de distance, le nez dans quelque bouquin, telle une vision christique ! C'est Lui, c'est l'Elu ! Le mâle alpha ! Visage buriné, chevelure souple à la Guy Lagache. Le mec qui faisait tomber toutes les filles quand il était jeune et qui continue quel que soit son âge. Le mec qui sait même pas qu'il est magnifique. (Mais si vous voyez ? Pour les filles, celui qui déclenche la réaction du loup de Tex Avery, et ptet pour certains hommes aussi…;-))
 
J'humecte bien mes lèvres, je dégage mes épaules et je te remonte l'allée à la Charlize Theron dans la pub J'adore de Dior. Dans ma tête, y a la musique même… À deux pas de lui, je passe ma main dans mes cheveux tout en ramenant une mèche négligemment sur ma joue… Je vais faire semblant de m'intéresser à un livre sur le même étalage que lui et quand il aura senti la puissance de mon aura sexuelle et qu'il sera obligé de relever la tête, ému par autant de charisme…
 
« Chéri !! Regarde ça ! » fait une blondasse qui remonte vers nous, un livre à la main. La vache ! c'est le dernier d'Ormesson, en plus, comme si mon calvaire n'était pas assez douloureux.
 
Putain !! crié-je intérieurement. La salope ! (ah oui, c'est vrai tous les mecs de mon âge et plus sont casés, j'avais oublié ce petit détail). Je remets ma robe intérieurement (merci Charlize) puisque je viens de me prendre une veste et je fais « volte-flasque » cette fois.
 
Comment qu'on s'inscrit à l'UNAPEI ? (Union Nationale des Amis et des Parents d'Enfants Inadaptés*)…
 
* oui, c'est limite, je sais, mais qui a dit que je devais me limiter ?

dimanche 22 juin 2014

Mais qui est Jean d'Ormesson ?

Un samedi soir sur la terre, comme chante Cabrel… avec en moins cette promesse d'une belle rencontre, alors je m'en remets à mon guide spirituel trompe-solitude, la télé. Et dans le fauteuil bleu du pape de France 2, un vieux monsieur au teint hâlé, aux dents immaculées, à la tenue presque parfaite (un sans faute sur l'échelle de Cordula) : un académicien ! (à savoir quelqu'un qui a désormais le droit de sortir un livre sur n'importe quoi en bénéficiant d'une promotion phénoménale). Mon instinct m'invite à changer de chaîne, car j'ai déjà entendu plusieurs fois pépé nous enfoncer ses portes ouvertes sur son ton professoral et évangélique et ça m'énerve. Et puis non, mon petit côté maso me fait rester. Et je ne suis pas déçue. Vas-y que papi bling-bling te sort tous ses poncifs sur la finitude de l'humanité et le sens de la vie, en parsemant ses saillies de citations plus ou moins en rapport avec le propos « Comme disait mon cher ami Gudule de la Hautecloque… » (oké j'l'ai inventé celui-là), « j'ai très bien connu Chateaubriand… » (qui va aller vérifier, en plus, vu l'âge du dinosaure ?). Et qu'on va tous mourir, fait-il en ayant pris le soin de nous avertir sur un ton sensationnaliste qu'il allait nous faire une révélation des plus odieuses. Le jeu de scène est millimétré, le ton grandiloquent (bravo la comm'). Et moi j'en ai déjà marre. Que papi, à l'approche du grand saut, se sente obligé de nous refourguer son lot d'angoisses en pleine poire comme ça, un samedi soir sur la terre… Mais je continue à écouter ce discours pseudo scientifique, philosophique, (ou de comptoir finalement), tout en me disant que n'importe qui aurait pu faire aussi bien, avec un peu d'entraînement. Un ptit coup de religion par-ci, un soupçon de sciences globales par-là (sans trop rentrer dans les détails sinon on sent l'arnaque) et puis, un peu de philo, pas trop de politique, parce que c'est plus trop la préoccupation principale de papi (soit il est au-dessus de tout ça, ou bien, plus vraisemblable, il est largué. De là à dire que sur le reste aussi, mais je ne me sens pas de pousser le bouchon jusque là.)
 
Du coup, l'assemblée ne sait pas trop sur quel pied danser : jouer l'admiration d'avoir le privilège d'entendre la performance d'un monsieur dont le nom figure dans le dictionnaire, ou bien montrer sa lassitude par des petits sourires en coin en attendant que ça se termine et qu'on remette papi au lit (attitude la plus représentée).
 
Attention je ne dis pas que papi n'a pas de talent (je n'ai pas lu la plupart de ses livres pour être honnête), mais bon sang, qu'il ne se sente pas obligé de nous donner des leçons sur la vie dans tous les derniers livres qu'il écrit et qui deviennent de moins en moins épais, à se demander si vraiment l'envie d'écrire vient de lui ou plutôt d'une commande expresse de l'éditeur qui tente de traire la vache à lait jusqu'au bout du possible.
 
Moi perso, j'en peux plus de ces discours sur la vie qui n'apportent rien au moulin, mais suffisamment par contre aux principaux intéressés qui s'en font les choux gras. Aristos, bobos et compagnie, qu'ils soient jugés avec le même étalon que les autres et qu'ils goûtent à la moiteur du placard de temps en temps.
 
Chuis dure ? Non, sincère.

mardi 10 juin 2014

Tempête dans un verre d'eau

En buvant ma tisane Hildegarde de Bingen recommandée par môman, je me demandais ce que j'écrirais là si je me mettais à écrire ce que je suis en train de penser. Puisque je ne suis pas plus inspirée, alors tentons l'exercice. Là tout de suite, je pense à mon boulot. À l'augmentation que je viens d'avoir, je souris, puis je passe à l'univers plus proche de ma tasse de tisane, en pestant d'avoir encore une fois laissé l'eau bouillir trop longtemps, ce qui me vaudra d'attendre trois heures avant de boire mon Hildegarde… Je ressaute vite dans ma rétrospective de la journée pour rester quelques secondes sur l'image du formateur de ce matin, charmant. Je saute au bruit des oiseaux dehors qui sont tout contents de retrouver le printemps. Et que ça piaille et que ça se lisse les plumes jusqu'à la prochaine averse de grêle qui, vu l'état du ciel, ne saurait tarder. Retour à ma tasse de tisane, est-elle refroidie ? Non. J'ai fait la vaisselle, au fait ? Oui. Je me repasse mentalement le programme de télé de ce soir pour voir si y aurait pas quand même quelque chose qui pourrait me détourner de cet exercice stérile. Tiens, je me souviens plus… Ah si ! des séries de flics ou de juges ; l'émission de pâtisserie (mais vu que j'ai un peu mal au ventre, je vais éviter pour ne pas me donner de mauvaises idées) et comme toujours, un film que j'ai envie de voir sur Canal Plus mais je n'ai pas Canal Plus. Et puis, comme j'ai posté à tous mes amis Facebook hier une vidéo qui nous met en garde contre les écrans qui peuplent nos vies et qui nous font passer à côté de l'essentiel ‒ enfin j'ai quand même pris le temps de liker et de l'envoyer à tous mes amis, donc je suis pas sortie d'affaire ‒, alors je vais passer sur la télé pour sauver ma bonne conscience. Je pense à ma flemme, à mon envie d'écrire, à mon manque d'inspiration, à la chienlit qui s'inscrit en direct live sur mon écran. Je pense que je suis ridicule de m'infliger ça. Mais que ça muscle au moins les doigts. Et mon esprit tente alors de s'élever vers des sphères supérieures (allez un ptit coup d'piolet et on y est), j'ai pris de la distance (comme quand on clique sur le moins de Google map) pour embrasser soudain ma pauvre condition d'être humain et l'aliénation du poids des conventions et autres diktats paralysants. Et ma tisane, elle en est où ? P***, c'est toujours aussi chaud ! Et je pense à mon retour au concret si rapide, alors que je venais de m'élever à un niveau de réflexion frôlant le Nobel de philosophie. (Tiens, ça existe ? Ché pas). Je ne côtoierai donc pas ce soir le panthéon des illustres penseurs, c'est certain… Tiens 22 heures. Déjà ? Pour bien faire il faudrait que j'aille au lit. Que j'aïoli. Je bloque sur le mot. Ça voudrait dire quoi comme ça ? Aïolier : faire de la sauce aïoli ? Tiens, ça me fait penser que je dois essayer une recette… je ne sais plus laquelle mais une recette que j'ai dans mes affaires… et si ça se trouve, à base d'aïoli ? Ce serait drôle comme coïncidence. Ou pas (thétique). Elle aime pas tous mes tics. Merde. Un rien fait sauter mes pensées. Recentration. Recentrement… ? Ah le voilà ! Recentrage ! Sur quoi ? … Sur mes doigts. Ils sont beaux mes doigts qui tapent sur le clavier. Je tape à deux doigts, dis donc, la honte. Oui, mais vite, alors, ça compense. Non, c'est trop la honte. Mais j'ai jamais réussi à taper avec tous les doigts. Sur les dix, j'en ai deux très actifs (les index), deux par intermittence (les pouces pour les espaces), deux sur le banc de touche (les majeurs pour quand les index sont fatigués) et quatre qui foutent absolument rien (les autres). Ah les boulets ! Un tit coup d'piolet, là, ça serait pas de trop, non ? Allez on monte, ou on dézoome au choix. Je pense à la Terre du coup. En disant ça, j'ai mentalement dézoomé sur Google map. Je suis une touriste de l'espace. Avec Richard Branson. Ah ! le gars quand même quand on y pense… Comme il nous met la misère. Toi t'es le quidam qui vient tenter sa chance au loto avec son rêve de piscine, de maison ou de ballon dirigeable. Lui, sans gratter aucun ticket, il arrive, et paf, il te fout sa fusée Club Med ou son Supersonic Paris New York en cinq minutes sur le coin d'la gueule. Pauvres petites merdes qu'il doit penser. Et avec son sourire et son bronzage permanents, il est énervant, non ? (comme je suis polie). Et quand on pense que d'autres types ou typettes (ou typex, encore mieux, qu'on les efface!) de son genre vont payer des millions pour passer quelques heures dans l'espace quand leurs mêmes millions pourraient sauver des millions de personnes. Franchement, seront-ils vraiment plus heureux, une fois qu'ils seront montés là-haut ? Cela va-t-il changer le cours de leur existence ? Vont-ils vraiment profiter de ces moments magiques entre les vomissements et pertes de connaissance liées aux accélérations et aux dépressurisations ? Mais qu'ils étouffent avec leurs vomissures au moment de réaliser leur prétendu rêve, ingrat pour les trois-quarts de la planète qui rêvent seulement d'avoir un peu de pain dans leur assiette. Je m'égare. De quoi remarque ? Ah oui ! Ma tisane. Merde, elle est froide.

mardi 29 avril 2014

Ah mon Dieu qu'c'est embêtant...

Plus la tête à écrire en ce moment… J'ai les idées qui dérapent sur ma matière triste. Les concepts qui s'téléscopent. Les sentiments qui s'rentrent dedans. Les émotions qui tournent en rond. L'amygdale qui pige que dalle. Le limbique qui rebique et l'hypocampe qui décampe. Les hémisphères qui s'font la guerre. Des cirrus plein les girus. Les méninges qui se singent. Les synapses qui collapsent. Les lobes qui se snobent. Le cervelet qu'est soupe au lait. Le corps calleux qu'est pas fameux. Le bulbe qui titube. Le thalamus qui s'amuse, pendant qu'l'hypo prend du repos. L'aire de Broca qu'est dans l'caca. La cafetière qui prolifère, la théière qui se perd, le carafon qu'est à fond, le ciboulot qui prend l'eau, la caboche qui s'effiloche, la bobine qui s'débine, la citrouille qui dérouille, le caillou qui prend l'mou, le cigare qui s'égare, le citron qu'est marron, la binette qui s'entête, la calebasse qui se tasse, le cassis qui durcit, le melon qu'est pas bon, la terrine qui se mine.
 
Et le cerveau qui fait des vers sots. :(

jeudi 17 avril 2014

Blanche Neige

J'ai honte. Honte de moi. Honte de ce que je suis devenue. Je suis un bernard l'hermite. On me touche et je rentre dans ma carapace. Ou un escargot, dès qu'on lui touche les antennes, il replie tout son barda qu'il avait pourtant mis des heures à déplier et il disparaît sous sa coquille. Un gastéropode quoi. Le bilan est pas fameux, donc. Mais un gastéropode qui aurait un gros appétit sexuel. Hum. On sait bien que la vie sexuelle des gastéropodes n'est pas réputée des plus pétulantes. Ptet à cause de la coquille ? C'est pas pratique. Va faire le missionnaire avec une coquille dans l'dos ! Ben moi j'ai pas d'coquille en tout cas…
 
Alors j'ai honte. Honte de ne pas avoir de coquille et d'être comme un gastéropode. Aussi empotée, ankylosée dans la vie que si j'avais une coquille collée dans l'dos.
 
Mais j'm'aime pas beaucoup, ou à force, je m'aime trop. Je sais plus. La frontière est si mince, en fait. On finit par s'aimer un peu, à la longue, on se prend soi-même d'affection à s'traîner tous ses kilos de névroses, on apprend à vivre avec, on finit par se respecter de les supporter.
 
Mais y a un moment, faut qu'ça cesse. On ne naît pas pour vivre comme un gastéropode.
 
Métro-boulot-dodo, un ptit plan cul de temps en temps. Elle est où la mise en perspective là-dedans ma grande, qu'elle me dit ma déesse intérieure ? Comprendrons ceux qui ont réussi à lire au moins le premier tome de Fifty Shades. Je m'imagine dans la peau de l'héroïne de ces genres de nanar… la fille trop féminine et décérébrée qu'assume pas et qui tente de faire croire sans arrêt au coup de la déesse qui s'ignore. Pour moi la fille que tu as envie de gifler parce qu'elle joue sans arrêt avec tes nerfs. La fille qu'a l'impression de vivre une vie difficile avec ses galères de maquillage, de ratage de métros, de plus de yaourts dans l'fridgo, qui représentent les plus grosses embûches que porte le monde. Le prototype de la princesse, où celle qui est élevée dans du coton et qui, pourtant, est persuadée d'être autonome et rebelle et de vivre dans un monde sans pitié alors qu'elle est juste bénie des dieux et que tout lui tombe toujours tout cru dans l'bec. Bref. Moi j'ai rien de cette fille-là, alors ça me fait rire de parler de déesse intérieure. Dans la vraie vie, celle où tu te retrouves seule comme une conne dans ton trente mètres carré parisien, (sans le meilleur ami pédé et la copine, quoi) t'as intérêt à la laisser dans les cartons ta déesse intérieure et à pas la sortir trop souvent si tu veux pas passer pour une demeurée. Comment peut-on se permettre de penser comme la fille dans Fifty Shades ? "Oh mon dieu, il est si beau et quand il se mord la lèvre, j'ai tellement envie de me pendre à son cou… hi hi hi. Oh là là je ne sais pas ce que je vais mettre, mon jean slim ou bien une jupe ? Oh là là… Je me demande si mon meilleur ami n'est pas amoureux de moi… oh zut…"
 
Cette fraîcheur, cette candeur, m'exaspèrent et pourtant, j'aimerais bien un seul jour vivre cette légèreté, sans ce sac de nœuds dans la tête. Je dis pas que je veux devenir aussi conne que les héroïnes de ces romans pour ados, mais j'aimerais vivre leur ultraféminité, leur insouciance et légèreté d'esprit rien qu'un ptit peu. Me lever le matin en me disant qu'aujourd'hui va être une belle journée, en croquant une pomme, et en me posant comme seule question celle de savoir si je mets mon slim ou ma jupe ? Ce serait tellement mieux. Avec un peu d'chance, je rencontrerais rapidement quelqu'un et je croirais au coup de foudre et à toutes ces conneries sur la fidélité, qui me rendraient heureuse.
 
Mais non. Moi je suis la fille qui ratait tout, mais vraiment. Je fais pas semblant. Je me lève pas le matin sans projet spécial et comme par hasard, tellement « open » à la vie que je suis, je tombe sur le prince charmant au rayon bio du supermarché, et comme par hasard, c'est le jeune patron d'une entreprise florissante promis à un bel avenir, célibataire et qui tombe amoureux de moi sur l'instant et m'offre un emploi de rêve dans son entreprise. Non ! Moi je cours toute la journée sans aucune classe, aucun sex appeal, mes névroses plein le dos et l'impression d'être condamnée à une vie déjà tracée, ce qui fait qu'à un moment donné, je suis fatiguée, alors je fais la gueule et plus personne me calcule et je rentre chez moi morose et sans cette putain de déesse intérieure de mes deux ! Ça fait longtemps que je ne pense plus à dire bonjour aux oiseaux en ouvrant mes volets et que je ne me demande plus quel bonheur cette journée va-t-elle donc bien m'apporter. Blanche Neige, elle est loin, voire très loin. Je suis plus proche de la poudre que du conte de fée même…

samedi 12 avril 2014

Mange, dors, aime, ou la fille qui gardait l'chat

Cette semaine, je suis la fille qui gardait l'chat. Le chat de mes parents. Le mien aussi, fut un temps où je vivais encore sous leur toit. La minette de la famille, qui traverse les époques et assiste aux fluctuations familiales, dans la constance et la fidélité, sans se poser de questions. Le chat d'la famille. Celui auquel on réserve un pré carré de base qui s'étend au fil des ans eu égard à la fonction salutaire qu'il occupe par le fait de combler les manques affectifs de chacun. Alors on lui annexe de plus en plus de territoires et il finit par avoir un coussin sur chaque surface plane un peu surélevée. C'est une bouée en forme de chat qui ronronne auquel chacun se raccroche dans les naufrages du quotidien. Un petit concentré de zénitude, une petite boule de poil de relaxation qu'on abreuve de bisous et de caresses pour oublier qu'on en manque cruellement.
 
C'est donc un juste retour des choses que je l'héberge, même si comme un fait exprès qui servirait à nourrir mes angoisses de vieille fille (avec chat) en devenir, mais je ne lui en veux pas. Je l'aime ce vieux chat. La vieille fille qui gardait le vieux chat. La vieille fille qui comme le vieux chat, traverse les époques dans la constance et la fidélité, en se posant trop d'questions, elle… La vieille fille qui comme le vieux chat, essaie de tenir le coup.
 
Et de ce côté-là, elle se défend la minette. En âge rapporté, elle a dans les cent ans, mais elle ne les fait pas. Il faut croire qu'une vie de chat, ça conserve. Peut-être aussi depuis qu'elle est passée au bio. Dès les premiers symptômes de l'âge noble, mes parents ont transformé leur mode d'alimentation en tout bio. Et la minette, tel l'enfant de substitution au départ des vrais enfants, a suivi. (Il ne fait d'ailleurs aucun doute que sa félinité préservée lui vaille d'être une sorte de Jane Fonda des chats du quartier.)
 
Sans compter que derrière ses petites moustaches et ce côté espiègle se cache une vie d'abnégation, de sacrifices et de don de soi. On lui a demandé au départ, si ça lui allait de se séparer de sa mère et de sa sœur et de renoncer à avoir des petits, tout ça pour devenir la marotte d'une famille en manque d'affection ? Non. Alors ? Elle est bien admirable de s'être ainsi sacrifiée pour nous. (sauver ?) Sainte Minette priez pour nous.
 
Alors je vais la choyer ma minette qui n'a besoin que d'un bol d'eau, de croquettes, un coussin pour dormir et une fenêtre ouverte pour glisser son museau. Je vais la choyer et l'imiter : dormir beaucoup, manger sainement, passer le nez dehors de temps en temps.


mercredi 9 avril 2014

HELP

Bonjour à tous,

J'ai besoin d'aide ! (au cas où vous auriez pas remarqué... :-()
Sauf que là, c'est une aide informatique. Vous avez vu, sur le côté droit, il y a un bouton de vote qui est bien joli et qui marche bien et au-dessus, un code tout moche qui sert à rien parce qu'il ne s'est pas transformé en bouton de vote. J'essaie de comprendre ce qui se passe depuis un moment sans succès. J'ai même envoyé un message à la plateforme Blogspot qui répond pas... Donc si quelqu'un trouve la faille dans le code, je lui en serai vraiment très reconnaissante et tiens ! Je lui dédierai mon prochain article ! ;-)

A bons entendeurs,

La bise !

samedi 29 mars 2014

Oh my gode !

Depuis deux semaines, j'ai le spectre de la vieille tante au-dessus de la tête qui me nargue : « Ca vient, ça vient, patience !… » Elle me regarde avec un petit sourire sadique. Vous savez ? La vieille tante qui fait peur quand on est enfant. Celle qu'a un gros bouton poilu sur le menton, les joues glacées comme si elle était déjà dans le caveau, fixée à son fauteuil devant la cheminée, les jambes écartées avec vue panoramique sur l'entrejambe flasque et variqueux. Celle que les parents continuent d'aller voir par acquit de conscience avec les gamins qui traînent la patte. Celle qui ressort chaque fois sa vieille boîte à gâteaux en fer oubliée dans le fond d'un placard, avec les mêmes gâteaux qui virent aux bouts de semelles diaphanes et infects au fil des ans (le fabricant de ces gâteaux devrait être brûlé vif). Oui, celle-là ! Elle me lorgne du bout de ses binocles en culs de bouteille, je ne sais par quel miracle, debout ! Elle fait glisser sa jambe veinulée avec la grâce d'un échassier de droite à gauche, comme pour me dire, viens par là mon petit, tout doux, oui, viens rejoindre le club des vieilles tantes ménopausées avant l'âge, celles qui légueront leur appareil génital à la science faute de n'avoir beaucoup servi. « Viens… Oui, viens ! » Puis elle sort d'une de ses poches un vieux gâteau ranci attaqué par la vermine, avec deux-trois asticots en guise de garniture et de l'autre un godemichet en or qu'elle me brandit sous le nez, en soulevant ses jupons d'où pend un amas de toiles d'araignées. « Ah ! Ah ! Ah ! » qu'elle vocifère.
 
Ni une ni deux, l'idée de la contentionner bien serré me prend. Je lui mets son gode entre les gencives, j'attrappe ses bas et je lui fais remonter bien haut sur la tête comme si elle allait braquer une banque, je fais un nœud et je balance le tout aux ordures.
 
Tiens et si j'allais voir "les Gazelles" au ciné ? Des trentenaires célibataires en pleine décompensation. C'est pour moi ! Pourvu que ça finisse bien sinon, j'ai plus qu'à filer au Carrouf' m'acheter une boîte à gâteaux.

mardi 18 mars 2014

Pas méchante, mais putain qu'est-ce qu'elle est chiante

Va falloir que j'm'en fasse une amie de ma foutue dépression.
 
J'ai passé une partie de ma vie à l'installer, à la nourrir, à l'entretenir et du coup, c'est comme un locataire récalcitrant, ça part pas comme ça. Ça transige, ça réclame des aménagements, ça fait des promesses que ça tient pas. Et si on menace, ça s'énerve. Parce que ça a des droits. Depuis le temps que c'est là, ça s'est renseigné, ça s'est créé un réseau, ça a produit des racines… et ça finit par te prendre en otage !
 
Telle est ma dépression.

Alors il faut être rusée, plus rusée que sa bourrelle (oui, ça existe même s'il faut avouer que le mot est un contresens phonologique) et s'en faire une alliée…
 
Puisque la manière forte n'a rien donné (j'en ai déjà écrit des lignes sur les méthodes essayées parmi lesquelles la sexothérapie reste la plus probante), alors essayons la manière douce, dont le maître mot est : ACCEPTER.
 
« Oui, j'accepte ma dépression, bordel de trou du cul de mammouth (permettez-moi quand même d'y laisser un peu de rancune). J'accepte ma dépression et j'arrête de la provoquer par des méthodes débiles qui ne font que la renforcer plutôt que l'inverse, et je la tolère ! TOI, Dépression, tu as le droit d'être là (ah ça t'en bouches un coin, hein ?) Manifestement, je t'ai ouvert la porte, (ou bien ne l'ai-je pas bien fermée), alors tu es entrée. Je t'ai permis de t'installer, par manque de courage ou par naïveté et, bien évidemment, tu as fini par prendre tes aises. Alors soit ! Puisque c'est une erreur de ma part, reste ! C'est vrai, j'aurais dû réagir avant… sauf que si je ne l'ai pas fait, c'est ptet bien parce que j'avais besoin de toi, oui, peut-être que j'avais besoin de toi pour… exister. Alors je vais encore plus loin et je te remercie, carrément ! Oui, merci ma dépression d'avoir constitué pour moi un moyen d'exister, car, si ça se trouve, sans toi, je me serais effondrée. Alors merci. Merci, mais pas trop quand même… parce que vois-tu, ma dépression, maintenant, la donne a changé, les cartes sont redistribuées. J'ai mûri. J'ai découvert certaines choses qui m'ont libérée, je ne suis plus la jeune fille timorée, pudibonde et hypersensible que j'étais. J'ai accepté de découvrir la vie dans sa globalité et donc, j'aimerais que tu lâches un peu de lest. Mais je sais que tu ne veux pas partir et que tu recèles de moyens pour t'accrocher, aussi, je viens te dire que je ne t'en veux plus. J'accepte ta présence et je vais arrêter d'être méchante avec toi. Je vais être plus compréhensive. Seulement, faisons un deal. Si je t'accepte, en contrepartie, apprends-moi des choses sur moi et explique-moi comment t'apprivoiser. Apprends-moi, en somme, à te comprendre. Car peut-être que, te sentant enfin comprise et acceptée, tu pourras prendre ton envol et me quitter ? »
 
Ah ! Ma dépression, ma douce dépression… ma Léa* : elle est pas jolie, elle est pas moche non plus, elle est pas froide, elle est pas chaude, elle est pas à gauche, elle est pas à droite, elle est pas maladroite, elle est pas inspirée, elle est patiente, elle est passe-temps, elle est passable, elle est pas stable, elle est pas partout, elle dit qu'elle partira ou elle est même pas venue, elle est partisane, elle est pas sortable, elle est pas terroriste, elle est pas anti-terroriste, elle est pas méchante, mais putain qu'est-ce qu'elle est chiante…
 
* Léa, extraits des paroles de la chanson de Louise Attaque

samedi 15 mars 2014

Basic Instinct

Aujourd'hui je réfléchis.
 
Je vais faire du théâtre. Pour m'ouvrir un peu, apprendre à me lâcher. Ou de la sophrologie. J'ai regardé sur Internet, ça a l'air bien. Respiration, libération des tensions, ça peut pas me faire du mal… Je fais un peu de yoga au boulot, y a une collègue qui donne des cours… mais sur le carrelage froid de la salle de réunion, les conditions sont pas réunies… En fait, ça me fait absolument rien. Je suis trop gelée de l'intérieur ou quoi ? (ou peut-être c'est le carrelage ?)
 
Je surfe sur Meetic en même temps. Le cul, le cul, le cul, finalement, j'ai pas encore trouvé mieux. Que ce soit avec mon toy ou dans les bras de mecs chaleureux, c'est le pied au niveau libération des chakras. Fantasmer, ou mieux, se sentir désirée, regardée, être caressée, envoûtée, envahie, ensevelie dans le plaisir… Quoi de plus grisant et libérateur de tensions, hein ? Et si on revenait à notre instinct animal au lieu de se bourrer de sophro, relaxo, ou de toute une pharmacopée qui, peu sûre de nous soigner, nous pompe en tout cas toutes nos économies ! J'en ai marre de toutes ces techniques à la mords-moi l'noeud pour libérer quelque chose qui se libère gratuitement et avec beaucoup moins d'efforts par un ptit coup d'grisou dans la mine ! C'est pas Freud qui disait que tout vient de là ? Et on l'a pas érigé en maître à penser, le bonhomme ? Alors !
 
Un beau mec bien musclé est en train de me draguer là sur Meetic. J'y vais ? J'y vais pas ? Bien sûr que j'y vais !
 
S'il continue à me parler comme ça, je suis pas sûre de pouvoir me retenir... Il est trop craquant, super bien galbé, gaulé, monté, je trouve plus mes mots ! Je sens que je vais passer une bonne soirée. On est en train de discuter des positions qu'on préfère. Il me demande si j'ai des gros seins et si j'aime sucer (hola attends ça fait pute tout ce qu'il me demande là… et merde ! on ne vit qu'une fois), je lui demande si je pourrai lui monter dessus (j'aime bien, mais certains mecs aiment pas) .
 
On skype, ça sera plus simple... il commence à me parler de ce qu'il va me faire avec un souci du détail prometteur... mais c'est tellement approfondi que je sens que je ne vais pas supporter le choc. Je coupe court. Je sais que ça ne va pas le décourager. En effet, il continue par sms… Bon ben si je veux, je l'ai mon plan cul pour ce soir…
 
Sauf que ça devient un peu relou, il m'envoie une photo de son torse et puis me dit qu'il a envie de me caresser partout, il me demande si je mouille et si j'ai envie de le sucer… J'essaie de le ramener à un discours un peu plus sexy (avec un tout petit peu plus de retenue quoi), mais rien n'y fait, il est lancé. Et le pire, c'est que ça commence à m'exciter !
 
Je coupe mon téléphone, ça m'saoule ! Je suis pas Brigitte place Pigalle ! Un peu de douceur, de mystère, ça peut aussi servir la cause ! …
 
(Mais qu'est-ce qu'il est bien gaulé, mon salop…)

Dépression le retour

Je m'enfonce dans la dépression. Cette vie m'emmerde de plus en plus et je suis pourtant incapable de changer quelque chose. La dépression fond sur moi. Elle m'habite, m'ensorcelle, elle me possède. Elle dirige ma respiration, règle mon métabolisme. J'ai le coeur qui s'emballe à la moindre émotion, comme le petit personnage du film de Malzieu qui ne peut pas tomber amoureux ou se mettre en colère sous peine de passer les pieds devant. Je crains tout. Ou de plus en plus de choses. Et mon point faible qui est sûrement à l'origine de tout ça : mes démêlés avec ma féminité. Il n'y croit pas à la femme séduisante qui sommeille en moi mon petit corps tout conditionné, ma petite tête toute empêtrée de jugements négatifs. Alors mon coeur s'emballe, mon corps fuit les situations inconfortables où il ne sait plus trop qui il est et s'il a le droit d'être là où il est. Ca me rend tellement malheureuse de me maltraiter ainsi. Qu'est-ce qui s'est passé pour que j'ai si peu confiance en moi ? Pour que j'accède si difficilement aux émotions qui y sont liées ? Comme c'est douloureux de retenir ce qui pourrait me libérer ? Comme une forme de masochisme… Mais qu'est-ce que je dois me pardonner ? Qu'est-ce que je dois enfin accepter pour me libérer ? Qu'est-ce que je me fais payer ? La dépression est en train de m'emporter… Je n'arrive plus à réfléchir, tout devient difficile, comme si j'étais sur la sellette constamment, comme si je risquais de perdre la face à chaque instant. Tout devient un combat pour préserver le peu d'estime qu'il me reste. Je veux tellement retrouver un peu de spontanéité, d'assurance… Mais qu'est-ce que je cache, bordel, derrière ce besoin de maîtrise ? Cette incapacité à lâcher prise ? Qu'est-ce qui me fait si peur ? J'en peux plus, je suis fatiguée !!!

dimanche 9 mars 2014

Charlotte

Ah je fais trop tièp' comme disent les djeun's. Je viens de parler à Charlotte en fermant mes volets. Charlotte a fait sa toile sur les barreaux du garde-corps de ma fenêtre. Peut-être vous ai-je déjà parlé d'elle… C'est mon "pet" comme disent les anglo-saxons. Mon animal familier quoi. (sinon ça veut rien dire on est d'accord.)
 
Charlotte ne doit son seul salut qu'à mon syndrome de solitude. En des temps ordinaires et plus cléments, elle aurait sans doute connu la marque de mes savates, admettant qu'elle en eût le temps, et de Charlotte - ou de ce qui serait resté à l'état de cri hystérique avec au mieux comme sobriquet (même si beaucoup moins glamour) "Espèce de sale bête !" ou "Putain d'araignée de merde !" - et de Charlotte donc, point d'histoire commune tissée (ah ah) au fil des jours…
 
La solitude de la Working class, c'est ça : fi des cris d'hystérie et des gestes irréparables à l'encontre du monde de l'infiniment petit. Pas de place dans le budget pour toutou, son Canigou et ses vaccins, alors on parle à l'oreille du taon ; on respecte le cafard, on glorifie la mouche, car on les voit, eux, si souvent oubliés, négligés et bafoués ; dans notre monde de l'immobilisme, le mouvement d'une aile de papillon, le bourdonnement d'un coléoptère, la lente progression du lombric sur la feuille du ficus prend une dimension sacrale, comme si toutes ces petites compagnies inattendues étaient envoyées par Dieu lui-même pour briser notre solitude.
 
Oui, Charlotte a sa place dans ma famille.
 
J'aimerais partager plus de choses avec elle, mais elle a un caractère difficile qui ne s'accomode pas de trop d'originalités. Alors je la laisse tranquille. Je lui dis bonjour le matin, bonne nuit le soir et parfois je lui permets de s'abriter à l'intérieur s'il pleut trop. Je n'ai pas encore fait de rond de serviette à son nom, mais peu s'en faut.
 
Fort de ce constat, je suis sortie ce week-end et je me suis enfilée deux Casse-tête et une Despe…