Prologue ou Histoire de la fille qui ratait tout

Je ressens le besoin d'écrire mon histoire, de me raconter, comme si j'avais besoin des mots pour me sortir d'une impasse, d'un mal être, d'une incapacité à aller de l'avant. J'ai l'impression d'avoir fini un cycle, d'avoir bouclé une boucle, et d'en avoir saisi le mécanisme, de cette boucle, comme un système complexe et bien rodé dont on finit par percevoir le fonctionnement.

Et à trente ans – trente deux exactement – je crois que je peux le dire, j'en suis là, à ce moment de ma vie où je commence à comprendre mon fonctionnement. J'ai découvert qui j'étais : la fille qui rate tout.

jeudi 29 novembre 2012

My love affair

Cette nuit, j'ai fait l'amour avec mes deux hommes…

L'un me déshabillait tendrement, avec gourmandise, l'autre regardait. L'un réclamait mes caresses quand l'autre me prodiguait les siennes. L'un se pliait à mes désirs, quand l'autre tentait de faire plier ma volonté. L'un me regardait avec amour, accrochant mon regard au sien, quand l'autre me contemplait avec désir, plongeant dans mes yeux ténébreusement à m'en faire rougir de volupté. L'un me susurrait des mots un peu crus et l'autre des mots brûlants, invoquant à l'envi qui la femme, qui la catin. J'ondoyais d'amour et de désir pour mes deux hommes complémentaires.
Rassasiée d'être à la fois déesse et « louloutte », icône et poupée. Femme et enfant.


L'idéal...

L'idéal ce serait deux hommes.

Il y aurait celui du quotidien, celui qui a besoin de vous, qui cède à tous vos caprices, qui vous offre des fleurs pour se faire pardonner… Et l'autre. Celui que vous admirez, qui ne répond pas à tous vos caprices, mais c'est vous qui répondez aux siens…

Je suis pas claire, là…

Mais si ! Celui qui pue des pieds, qui rote sans dire pardon, qui regarde le foot à la télé… et l'autre, celui qui regarde Envoyé spécial avec vous, celui qui passe sa main dans ses cheveux avec cet air réflexif en regardant Paul Nahon, l'air d'accord.

Je suis pas claire, là…

Mais si ! Celui qui veut bien aller chez ses parents mais qui rechigne à aller chez les vôtres, celui qui oublie la date de votre anniversaire, celui qui ronfle à deux centimètres de votre nez… et l'autre, celui qui se fait une joie d'aller chez vos parents, celui qui fait son jogging le dimanche matin…

Je suis pas claire, là…

Mais si ! Celui qui laisse les poils de barbe dans le lavabo, celui qui jette son caleçon et ses chaussettes n'importe où avant de se coucher… et l'autre, celui qui plie ses vêtements, qui nettoie le fond du lavabo, qui lit un bouquin pour s'endormir…

Je suis toujours pas claire, là ?

Mais si ! Celui à qui tu fais des bisous partout et qui te dit jamais d'arrêter parce qu'il ne veut pas te vexer… et l'autre, celui qui n'aime pas trop les effusions, parce qu'il a du mal à exprimer ses émotions…

Les deux sont rassurants, chacun à sa façon. Un coup on se sent femme, un coup on se sent mère…




Aspie-re un peu d'ocytocine

Vous dire à quel point je suis perturbée. Aujourd'hui, j'ai demandé à ma psy si elle pensait que je pourrais être éventuellement, sait-on jamais, autiste. Je l'ai demandé tout doucement, bien sûr, sachant trop qu'on ne doit pas plaisanter avec ce genre de pathologie. Ben oui, j'ai regardé l'émission sur l'autisme, l'autre soir. Et je me sentais en union de pensée. Ce renfermement sur soi, cette difficulté à gérer ses émotions… Je me suis tuyautée sur l'ocytocine après, pensez bien. Un spray nasal qui t'ouvre à la socialisation et au bien-être. Des études sont en cours et les sprays se vendent d'ailleurs, à 40 euros la fiole de 15 ml, soit, mais tout de même, c'est un fait… J'ai pas osé lui parler du spray. Non, mais vous voyez ? Je deviens complètement cinglée. Dans quinze jours, je lui demanderai sans doute si je n'ai pas été enlevée par des extra-terrestres.
 
Heureusement – quoique me dit mon inconscient qui se serait bien engouffré dans la brèche pour se disculper du bronx qu'il crée dans mon cerveau – elle a réfuté mon argumentation (en dissimulant mal un départ de fou-rire). Bon. On a aussi le droit de se poser des questions, non ?
 
Eh bien non, c'est pas Asperger mais imbibée de connerie que je suis, lotie d'une bonne grosse angoisse névrotique, simplement. Enfin, simplement, je pense avoir réussi à démontrer que ce n'était pas aussi « simple » que cela.
 
Mais je suis rassurée, tout de même, pas sur la surchauffe mentale que j'inflige à mon cerveau avec ce genre de supputation qui provoque indéniablement une certaine montée d'angoisse, mais parce que ça doit vraiment pas être drôle d'être autiste. Mais, depuis un moment, à tourner en rond chez moi, eh bien j'imagine toutes les catastrophes naturelles ayant pu se produire au niveau de mon génome pour expliquer mon état de stagnation mollusquien.
 
Alors bibi, le problème, c'est juste qu'il faut que tu te bouges, car à force de vouloir te trouver toutes les justifications du monde, ben ton cerveau se nécrose, et y prend goût, à défaut de surchauffer.
 
Merde, alors. Une ptit aspie-rine, pour la route ?
 
Me bouger, O.K. Faire revenir la sérotonine et l'ocytocine et compagnie là où la fuite a eu lieu. Bon.
 
Mais c'est sûr ? C'est pas aspie ?… grrrrrrr (entends-je dans mon oreille)

samedi 24 novembre 2012

Vie de chômeur - manque un peu d'beurre…

Le billet que je commence s'appuie sur l'expérience que j'ai vécue récemment au supermarché, qui m'a démontré la vison très partielle de la solidarité de certains soi-disant bénévoles au grand cœur.

Certes, le bénévolat est noble. Il est certain que sans les associations et les ligues de bénévolat, la moitié des pauvres de ce monde seraient déjà morts. Mais merde ! C'est pas parce que tu viens au supermarché du coin que t'as forcément du fric à ne plus savoir qu'en faire. Tous les gens qui flirtent avec le seuil de pauvreté devraient-ils donc, comme des lépreux, vivre dans un territoire balisé, pour ne pas risquer de rencontrer les ceusses plus riches, ou pire ! les bénévoles, qui les renverraient à leur triste sort de façon trop violente pour leurs petites âmes de Pôooovres… ? Apparemment certains doivent le penser. Alors quoi ? Cantonnons-nous aux Aldi ? Netto ? Tout à moins de 1 euro ? Ils feraient pas des échoppes pour les « Tout pour moins de 1 neurone » en même temps, parce que, à ce moment-là, pauvres et riches (et bien-pensants) pourraient au moins se retrouver dans une quasi homonymie de lieux d'approvisionnement.

Non mais c'est quoi le problème ? J'ai pris un chariot, alors le bougre s'imaginait sûrement que comme toute famille à multiples marmots qui se respecte, j'allais le bourrer jusqu'à la garde ? Et sinon, juste pour éviter de se faire mal au dos avec le pack d'eau, ça non, on n'imagine pas ? Mais enfin le pire c'est que même en lui disant que je suis au chômage et que j'ai déjà un peu de mal pour moi, il me gratifie d'un «  et alors, c'est pas une raison… » Alors dis-moi, connard, c'est quoi la raison qui fait que tu auras le droit de te dispenser de sortir tes derniers pesos pour nourrir quelqu'un qui en aura peut-être moins besoin que toi ? C'est d'être assujetti à l'ISF ? D'habiter dans un paradis fiscal ? Parce que, apparemment, ça c'est bien une raison largement suffisante et qu'on ne remettra pas en cause. Tu vas oser lui dire à Mamie Zinzin, tu vas oser aller la chercher dans son Fauchon natal pour lui demander de raquer pour les pauvres ? EH BEN ALORS SI TU OSES, FAIS-LE, CONNARD ! Au lieu de raquer ceux à qui tu devrais donner ta boîte de nouilles à moins de 1 euro spontanément et avec un sourire, au lieu d'essayer de les faire culpabiliser !

Ce petit coup de gueule contre cet abruti de bénévole qui m'a flingué encore plus ma corvée de courses à la recherche des offres promotionnelles, ce qui n'est pas une mince affaire vu les contrefaçons de promotions qui fleurissent en tête de gondole de la plupart des supermarchés, du genre quand tu fais la différence entre le prix du pack soi-disant promotionnel et le prix du même lot à l'unité, tu te rends compte de la supercherie. Du coup, il faut être un yamakasi du supermarché pour en ressortir s'en s'être fait berner d'au moins une dizaine d'euros…

Oui, c'est sûr que c'est mieux, dans la vie, quand t'as des sous.

Déjà, tu pleures pas à chaque fois qu'on t'appelle pour t'offrir des volets ou des fenêtres et qu'on s'excuse parce qu'on ne savait pas que [vous] n'étiez pas propriétaire…

Tu n'as pas non plus à passer trois heures à la caisse du supermarché pour faire valider tes soixante-quinze bons de réduction.

Tu ne vas pas non plus chez Del Arte (ton restaurant le plus hype à toi) que quand t'as la seconde pizza pour 1 euro.

Tu n'invites pas non plus ton ami au Bistrot pour son anniversaire, parce que le jour de son anniversaire, ils lui offrent le repas.

Tu ne rends pas un cadeau qu'on te fait parce qu'il va falloir débourser un peu d'argent pour en profiter pleinement.

Tu ne te demandes pas avec angoisse ce qu'on va t'offrir à Noël, par peur de ne pouvoir répondre à ton tour de façon à peu près équivalente…

Tu ne prends pas ton pain chez Simply parce que la baguette est à 49 centimes… (Tu vas chez Paul parce que la baguette est à 1,15 ct et que pour ce prix-là, le pain est deux fois plus petit, mais tu aimes ce qui est surévalué)

Et surtout, comble de la sauvegarde de ta dignité et de l'estime que tu te portes, tu ne te fais pas glisser dans la main par tes parents, discrètement, un petit chèque avec des zéros parce qu'ils ont pitié de toi… et qu'ils sont morts de culpabilité.

Bref, la liste est longue, mais c'est sûr, hein, et c'est démontré, c'est mieux d'être riche.

lundi 19 novembre 2012

Dépression - Ma vie fantôme


Je fais partie d'une génération de femmes qui ont une vie fantôme. Une impression de vivre qui se veut suffire à elle-même. Poussées par le vent dans le sens qui lui convient, sans réussir à redresser la barre, à prendre possession du gouvernail.
Ne pas réussir à incarner ses émotions, à les vivre et à leur faire diriger l'action.
J'ai l'impression d'être un fantôme dans cette vie qui ne veut pas de moi (ou bien est-ce moi qui ne veux pas d'elle ?), un être désincarné qui transiterait dans un monde parallèle. Je suis transparente, une extra-terrestre, blanche. Morte, quoi.
Même mes émotions, qui tentent parfois une incursion, décident de me fuir plutôt que de m'assister, me transporter.
Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce qu'il s'est donc passé pour que nous imprimions cette résignation, cette capacité à nous vider de notre substance aussi rapidement que défile la vie ?
Comme si nous nous excusions d'être là, d'être peu de choses au fond.
Honte de n'avoir réussi ? Honte d'être une femme ? Peur d'assumer nos désirs ? Qu'il parle ce blocage, qu'il m'apprenne les fondements de son mécanisme ! De quoi a-t-il peur ? Que je laisse s'exprimer mes émotions ?

Sexe - Fantasme de l'homme parfait 2 ; Mais lâche l'affaire !

Je suis tombée amoureuse de l'homme parfait. Parce que sa perfection est relative à ma propre sensibilité, à ma propre vision de l'homme parfait.
J'ai pas envie de lâcher l'affaire.
« Je suis tombée amoureuse de toi ! » lui crié-je en rêve, mais j'arrive pas à prendre ce risque, parce qu'alors peut-être bien qu'il faudrait que je le quitte. Et toi, mon homme parfait, je veux pas te quitter. Parce que je suis tombée amoureuse de toi. Je veux continuer à rêver que tu reçoives ce témoignage d'affection puisé au plus profond de mes tripes comme un trésor que tu attendais depuis longtemps et pas comme tu découvrirais un de ces mots d'amour dans les bonbons surprises, avec tendresse, avant de le jeter à la poubelle.

Allez, lâche l'affaire, me dit le petit esprit posé sur mon épaule. Mais non ! J'ai pas envie de lâcher l'affaire, parce que cette fois, l'affaire est belle, elle me plaît. Jusqu'ici je faisais les soldes, et je regardais les produits de luxe rutiler dans des bras chanceux. Mais là, j'ai vu un produit de luxe qui me regardait, qui s'intéressait à moi, alors comment pourrais-je vouloir lâcher l'affaire ? Je veux en savoir plus. J'ai pas décrypté l'essentiel, j'ai rien lu, j'en suis qu'au prologue du journal de mes émotions. C'est trop difficile de fermer le journal après avoir entrevu les scoops et les unes prometteuses. Impossible, même. Quelle idée d'avoir un prénom qui est à la fois un nom commun et un adverbe. Chaque slogan publicitaire, chaque chanson, chaque film, émission, magazine, livre porte ton nom que je réussis à débusquer même enchâssé dans un autre mot ! Tu es omniprésent malgré toi, en surimpression sur la matrice de mon cerveau. Mon corps me rappelle sans arrêt les sensations que j'éprouvais à ton contact. Je compare tout à l'aune de tes paroles, de ta présence… Personne ne t'arrive à la cheville, j'ai tout misé sur toi. Trop. Et je continue à tenter de t'apercevoir. Je prends chaque simultanéité de ta présence comme un signe que tu me cherches toi aussi, que tu m'attends. Comme une sentinelle, un ange-gardien qui voudrait s'assurer que je vais bien, que je ne vais pas m'écrouler. Quand j'entends ta voix, sachant que tu es là, je me sens bien, apaisée. Je t'aperçois et je revis. Comme si l'air qui nous séparait irradiait ta présence, se chargeait de t'emmener jusqu'à moi. De t'enlever jusqu'à moi. Comme un corps attire à lui spontanément ce dont il a besoin. Malgré lui. Le hasard est si lâche de ne pas se montrer comme tel et de nous faire croire aux signes de la vie. C'est terrifiant. Aliénant. Mais comment rejeter ce qui fait tellement de bien ? Je n'arrive pas à faire un pas vers toi, pour savoir, essayer de deviner... J'ai trop peur. « Viens me chercher, je t'en prie ! » la phrase qui tue, car elle se perd en écho dans le gouffre de mes entrailles. Elle n'affleure même pas mes lèvres, qui n'y croient pas, qui n'y croient plus…

samedi 3 novembre 2012

Sexe - Fantasme de l'homme parfait

Celui qui te transforme, celui qui réveille ton être endormi. Je l'ai croisé celui-là, un peu baroudeur, voix envoûtante, cœur sur la main, sang chaud. Je me transformais à son contact. J'avais des ailes, les forces décuplées, l'impression que tout était facile, en fait. Alors j'en ai profité. Je me suis repue de son contact, rassasiée de l'effet qu'il produisait sur moi. J'y ai puisé jusqu'à la lie ce qu'il me fallait pour avancer. J'étais femme, confiante, fortifiée. J'avais un remède !
 
Depuis, je ne fais que penser à lui. Et pourtant il ne s'est rien passé, enfin concrètement car dans mon petit corps endormi, il s'en est passé des choses. Combien j'aimerais encore bénéficier du pouvoir de son aura. Mais oui ! il faut oublier. Tourner la page encore. J'ai eu du mal à la tourner, celle-ci, elle était en plomb. Je n'arrive pas à retrouver ces sensations ailleurs, autrement. Je suis devenue dépendante. J'ai bien essayé de m'accrocher, j'y suis restée dans son aura, même encore maintenant, j'ai trouvé la parade. Mais je vais la tourner cette page. Avec mes petits bras musclés, on va y arriver. Et dire que je n'ai même pas réussi à l'approcher pour le connaître mieux. Je lui ai tourné autour, à coups de rougissements, de battements de cils Je me suis très vite fait capter par les collègues. Certains plaisantaient ou faisaient des allusions à mes mines enamourées. J'ai fantasmé, je me suis imaginé des choses. Et puis, la roue de la vie a tourné et m'a exclue de la bataille ou plutôt m'a fait comprendre qu'il fallait que j'accepte, que je fasse autrement.
 
Syndrome du gâteau appétissant. Qu'est-ce qu'on fait quand on n'a pas de dents ?
 
J'ai cru que je devenais « érotomane », vous savez la maladie des gens qui font une fixette, je me suis accrochée longtemps, espérant le voir, lui parler. Aujourd'hui, je me décroche, je comprends, je prends de la distance avec mon fantasme. J'en ai passé des heures à espérer ardemment ce jour où nous pourrions parler, enfin, en tête à tête. J'ai attendu un geste, un regard qui en dirait plus long que les autres, mais rien, enfin rien de concret. Il faut que je me range à l'évidence : cet homme ne m'a jamais aimée et peut-être même qu'il a souri, que mes attitudes ont été le sujet de railleries collégiales. J'ai longtemps hésité, pour me le sortir de la tête, j'avais pris une bonne résolution : aller le voir, ou lui téléphoner pour lui faire part de la situation. Et puis, non. Pas le courage. Peur de me prendre une claque. La claque, celle qui fait bien mal, celle du retour en pleine face de la réalité et pourtant, j'en ai besoin de cette claque, pour me réveiller, avancer.
 
Bref. Le pire, c'est que je ne me suis pas fait larguer en me jetant à l'eau, non, je me suis fait jeter rien qu'en ne faisant rien. Les choses se sont tassées naturellement. Et du coup, c'est comme si rien ne m'avait recadrée, comme si rien n'était venu déjouer mon fantasme et donc comme s'il avait encore lieu d'être. Alors je dois m'efforcer de ne plus y penser. Je dois arrêter de m'en vouloir d'être peut-être passée à côté de quelque chose, pur fantasme. Mais quand le cœur m'en dit, je repense aux allusions des collègues Si ça se trouve, on aurait pu… Je redeviens cinglée, c'est l'érotomanie qui me reprend.
 
Je dois reconnaître cependant que j'avais sérieusement besoin de ce qu'il m'offrait, même s'il ne m'offrait rien. Aïe. Allez comprendre.
Je crois maintenant que c'est ça que je vais rechercher chez un homme.
 
Mais c'est pénible de ne pas attirer les hommes dont tu as besoin, ceux qui réveillent en toi l'envie de séduire. C'est comme un jardin des fruits défendus. À un moment il faut sortir du jardin, parce que c'est trop frustrant. Peut-être que je suis sortie délibérément du jardin.
 
Et si je trouvais un autre remède ? Oui mais pourtant c'est l'amour qui fait avancer. Oui, mais je vais jamais y arriver alors si je me fais jeter à chaque fois. Oui mais d'où je me fais jeter d'ailleurs ? Pour qu'on me jette, faudrait d'abord que je me lance ! Oui, mais j'ai trop peur de jouer dans la cour des grands Oui mais STOP ! (hou j'ai mal au crâne)
 
Le remède est inatteignable. Fin.


jeudi 1 novembre 2012

Sexe - Le Dieu Internet

Mes balbutiements sexuels et amoureux ont été chaotiques. Mon initiation s'est faite avec Tchat plus et Meetic et non avec Stéphane, Antoine ou Matthieu. Les préliminaires étaient donc un peu froids, si l'on considère le manque de réceptivité affective du clavier et de la souris.

«  Bonjour, moi c'est lfqrt.
Enchanté, moi c'est bidule92.
Bon ben quand est-ce qu'on baise ?
T'es dispo, là ?
Oui.
Oké. Viens chez moi, j'habite chez une copine.
D'accord. T'as des capotes ?
Ah non, merde ! Tu peux aller en acheter ?
Oké, je passe à la pharmacie. »

Romantique, non ?

Bon il faut que j'édulcore un peu car ça ne s'est pas vraiment passé comme ça. (et pourtant lorsque je vois certains sites et que je m'approche des forums, j'ai peur que ma fiction ne soit encore bien en deçà de la réalité.) Mais pour moi, parangon d'une certaine pudeur inscrite dans mes gènes, cela a revêtu des atours plus mesquins, presqu'à me faire croire qu'on pouvait trouver le prince charmant comme ça. On ne se connaissait ni d’Ève ni d'Adam, alors on est sortis quelques fois ensemble, se rassurant dans des préliminaires à coups de promenades dans le parc et autre cinéma, et le grand saut ! Un fiasco. Mais le privilège de brandir l'étendard « je ne suis plus vierge » !

Passons. Même s'il a fallu du temps pour que je passe sur cette aventure plutôt expérimentale qu'amoureuse, ma mauvaise conscience m'accusant d'être une fille facile, etc.

Et j'ai remis ça. Meetic, cette fois-ci. Pour trouver l'homme de ma vie, bien sûr.

Un ptit métisse appétissant. Deux-trois tours du parc pour la bonne conscience et hop, grand saut !
Fiasco, mais moins pire. Petit fiasco avec légers frémissements de plaisir.

Était-ce l'homme de ma vie ? Sûrement ! Mais pourquoi n'étais-je donc pas amoureuse ?

Suivant !

Dieu Meetic à l'aide !

«  Bonjour je suis Machin403.
Bonjour, moi c'est lfqrt.
Tu es où ?
Ici. Et toi ?
Là.
Tu viens chez moi ?
Euh (pour faire la fille qui a des principes) d'accord. »

Le soir même je débarque dans l'appartement de Machin403. Il est tout beau, en costard. Cette fois ça va être du sérieux. Il a une bonne situation, il a l'air sympa, drôle et surtout séduit ! Oui, il balbutie, il s'approche de moi précautionneusement, comme si j'étais un petit bijou, il me lance des regards fiévreux et semble être assailli par une moiteur révélatrice. Je suis tellement contente de séduire Je bois un verre, je mange des petits gâteaux, nous flirtons en essayant de se faire chacun un résumé de notre vie (parce qu'on ne se connaît pas du tout et qu'on ne pourra pas coucher avec un parfait inconnu). Dix minutes plus tard, on se met dans le canapé. Et il a envie de m'embrasser. Je suis fébrile, légère, je me sens si bien que je le laisse faire. Il m'embrasse et glisse sa main entre mes jambes. J'en ai très envie et surtout vraiment besoin. Je ne joue pas la résistance. Les jeux sont faits.

« On va dans la chambre ?
Oui », fais-je complètement alanguie de désir. 

Je pensais que c'était l'homme de ma vie. J'y retourne quelques jours plus tard. Nous faisons l'amour et il me demande de partir. La claque.

L'éventuel homme de ma vie devient un plan cul. Et moi, une Enfin non, pas plus que lui, en fait. Mais je ne prends pas la fuite. J'en profite. J'ai tellement besoin de cul. Besoin d'un homme aussi, mais la complicité attendra.

Sauf qu'elle ne vient jamais. Je ne suis pas amoureuse, lui non plus. Je fonds en larmes à plusieurs reprises dans ma voiture, en rentrant chez moi. Je mets un terme.

Mais il m'en fallu encore un, avant de comprendre que Meetic ne proposait que des « plans cul », mais à défaut d'autre chose, je saurais m'en contenter, alors j'y retourne. Le nouveau plan cul a l'air quelqu'un qui cherche le grand amour. Non ! Et si c'était possible alors ? Je suis peut-être la bonne !

On sort un peu ensemble, car celui-là, il faut le ménager. Et puis, il vient chez moi. Il commence à vouloir me faire un massage. Je me laisse faire et le massage devient plus profond, plus intime...

J'essaierai de m'accrocher un peu. Celui-là, il force mon admiration par son statut professionnel et sa vie associative riche et mouvementée. Il me laisse m'accrocher et puis un beau jour, il me dit que son ex-copine l'a relancé et qu'il va se remettre avec elle. Crochet du droit.

C'est moi, ou bien Je devrais perdre confiance, là, non ? Eh bien oui, effectivement. Je capitule et laisse mon clavier aux souris.

Tout ça, en fait, pour découvrir mon corps et me sentir comme tout le monde. Internet Dieu du sexe pour les émotifs et autres complexés, fabrique à putes. Point. Eh oui, Internet a réveillé la pute qui était en moi.